Soirée théâtre vendredi soir avec une pièce écrite par Stefan Zweig en 1919 et qui est présentée en France pour la première fois.

C’est une interview de Natalie Dessay sur France-Inter, où elle évoquait sa reconversion en tant que comédienne qui m’a donné envie de la découvrir sur scène au théâtre Montparnasse.
Vienne, 1919. Une grande maison familiale où l’on s’apprête à renouer avec les soirées lecture qui en ont fait le succès. Autrefois, c’est le père de famille, Karl Franck, poète renommé dont on célébrait les mots. Il n’est plus mais sa veuve, Leonor, s’est érigée en gardienne du temple et elle a décidé que ce soir, ce seront les textes de Friedrich, le fils, qui seront lus par un célèbre comédien, en présence du chancelier. Qu’importe si Friedrich rechigne à participer à cette soirée, conscient que l’on vient écouter « le fils de » plutôt qu’un jeune poète à découvrir. Bürstein, le biographe officiel de Karl Franck, tente de calmer les angoisses et l’amertume du jeune homme, qui trouve aussi du réconfort auprès de sa sœur aînée.
Et puis une femme apparaît, qui demande à pouvoir assister à la soirée, même debout s’il n’y a plus de siège disponible. Dès qu’elle la voit, Leonor la rejette violemment. Bürstein la connait, lui aussi, et semble gêné. Ni Friedrich, ni sa soeur ne savent qui elle est mais cette femme sait trouver les mots pour parler à Friedrich, pour s’intéresser réellement à lui et il s’empresse de lui trouver une place dans l’auditoire. Qui est cette femme, que cachent Leonor et Bürstein, qui était en réalité l’homme derrière le grand poète, c’est ce que Friedrich et le spectateur découvrent dans la suite de ce spectacle, dans un décor minimaliste mais lumineux, de grands panneaux qui montent et descendent au gré des changements de lieux.
J’étais allée à ce spectacle pour Natalie Dessay, j’ai aimé sa prestation et j’ai aussi beaucoup apprécié de voir sur les planches Bernard Alane et surtout Macha Méril, bienveillante et chaleureuse, personnage révélateur de l’histoire familiale au delà des apparences.
Un beau texte à découvrir autour de thèmes profonds comme la construction de la personnalité d’un fils face à la célébrité écrasante d’un père, la levée d’un secret de famille, le lâcher-prise d’une femme jusque-là dévouée à la mémoire du disparu et qui s’était oubliée. Une belle soirée !