Rarement aller voir un film au cinéma aura provoqué chez moi un tel questionnement.
Depuis quelques années, je ne vais plus voir les films de Roman Polanski au cinéma. Le dernier pour lequel je m’étais déplacée était Frantic en 1988. Ce n’est pas vraiment un boycott puisque je regarde ses films lorsqu’ils sont projetés à la télévision et en général, je les apprécie.
Avec la sortie de J’accuse, adapté du livre D. de Robert Harris, alors que le cinéaste est une nouvelle fois accusé de viol et de violences par la photographe Valentine Monnier, c’est un vrai dilemme. Le sujet du film m’intéresse au plus haut point, la bande-annonce, les émissions et les articles qui lui sont consacrés me donnent à penser que c’est un film à ne pas manquer sur un évènement important de notre Histoire.
Finalement, ce qui a emporté ma décision d’y aller, c’est de voir derrière ce film le travail de toute une équipe : un réalisateur sulfureux, certes, mais aussi un scénariste, des acteurs et actrices, des techniciens qui tous ont travaillé et mis certainement le meilleur d’eux-mêmes dans ce projet et qui ont contribué à mettre en valeur le roman D. de Robert Harris à l’origine du scénario. J’ai considéré qu’il serait injuste envers eux de rejeter leur travail et leur implication à cause de la personne de leur réalisateur.

Après avoir vu le film, je ne regrette pas ma décision, je l’ai beaucoup aimé. C’est une très belle reconstitution historique, les décors, les costumes, tout contribue à recréer l’ambiance de l’époque, avec son antisémitisme révoltant pour notre regard contemporain. Louis Garrel est presque méconnaissable dans son rôle du capitaine Dreyfus dégradé mais combatif. Jean Dujardin est parfait en colonel Picquart, antipathique au début car il ne cache pas son antisémitisme, mais plus humain lorsqu’il s’attache à faire triompher la vérité au mépris de sa réussite professionnelle et de son avenir personnel. Emmanuelle Seigner compose un personnage lumineux et assez moderne. Grégory Gadebois est un méchant pathétique et fidèle à sa hiérarchie, tous les rôles de militaires sont excellents dans le respect de l’institution et dans l’ignominie. Et puis l’enquête de Picquart pour démêler les fils de l’affaire est passionnante.
Pour aller plus loin sur l’affaire Dreyfus, j’ai consulté avec intérêt le dossier pédagogique proposé par le site Zéro de Conduite, découvert grâce au blog Histoire Géo.
J’ai bien envie d’aller le voir aussi. J’ai beau être féministe, j’ai du mal avec le fait de boycotter une œuvre. C’est courageux d’avoir pris position!
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C’est surtout que j’ai du mal à admettre que ça puisse porter l’opprobre sur le travail de toute une équipe !
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